PREMIERS INSTANTS : AU DEBUT DE LA FIN... 15/02/2024


Aujourd'hui j’ai cinquante ans, j’ai choisi pour le soir, le restaurant Japonais que nous aimons tant, le repas était comme d’habitude délicieux et nous avons tous passé une excellente soirée en famille.

Aujourd'hui j’ai cinquante ans et bien qu'entouré de mes adorables enfants, je ne me suis jamais senti aussi seul de ma vie.

Ma femme, ma moitié nécessaire, ma moitié admirable, ne m’aime plus.

Voilà près de deux ans que quelque chose a changé, une multitude de signaux m’avaient alerté, une légère altération du regard, une absence de réponse aux stimuli d’autrefois, la disparition de nos fameuses engueulades, du sexe et de nos langoureux patins ; une indifférence discrète s’était installée peu à peu mais désormais c’est acté, dit, énoncé, je ne suis plus amoureuse...

J'en ai eu l'intuition un soir de novembre à son retour de Paris, il a suffi d’un regard pour que je comprenne, il suffit souvent d’un regard quand on aime.

Lorsque j’ai pris conscience de cet éloignement entre nous, j’ai cru d’abord qu’il lui fallait du temps,  elle travaille tant et notre quotidien n’a rien d’exaltant, j’ai pensé qu’elle en avait assez peut-être de se donner, de nous donner autant à moi et aux enfants, alors je n’ai rien dit.

Egoïstement, je n’ai pas non plus cherché à vraiment la comprendre, j’ai simplement songé à moi, à ma peine, au fait qu’elle m'accordait moins de temps, d'intérêt, et je n’ai rien fait d’autre que me morfondre, l’observer et attendre.

Bien plus tard, trop tard sans doute, submergé par mon désespoir lorsqu’elle était en voyage pour le travail, j’ai craqué… Ses réponses à ma douleur ne furent malheureusement pas convaincantes, elle ne pouvait pas me comprendre, elle ne m’aimait déjà plus autant et mes larmes l’embarrassaient.

Elle eut des phrases malheureuses, dévastatrices dont je n’ai toujours pas guéri, des phrases sans âme, sans amour, sans compassion, sans empathie, même pas les mots d’une amie ; elle a traité ma peine comme on parle à un alcoolo triste et chiant dans un bar, ce n’était déjà plus ma femme et j’ai fermé les yeux ; bien-sûr que j’ai fermé les yeux, comment faire autrement ?

J’exagère évidemment, elle m’a rassuré un peu, a essayé du moins, mais il y avait cette distance émotionnelle, ce frein dans l’expression, c’était proportionné, calibré, posé ; ça manquait simplement d’amour.

Je me reproche souvent de ne pas avoir été à la hauteur, toutes ces années, de n’avoir pas su la voir et la comprendre, je m’en veux encore de ne pas avoir su lui traduire mon amour, imaginant comme tous les éconduits que cela aurait pu changer quelque chose.

Il faudra bien passer à autre chose un jour, mais pour l’instant c’est dur, car c’est encore la femme de ma vie, et le manque d’elle est physique ; ce vide, ce creux dans le ventre, cette barre sur le cœur, ce nœud dans la gorge ; je suis si fatigué d’y penser chaque instant, de revoir notre vie, ses sourires, son amour… Elle m’aimait… 

Comme c’est difficile de ne plus être aimé, comme on se sent seul et faible, un seul être vous manque et tout est dépeuplé, elle est tellement vraie cette phrase. Elle ne sera plus là, sa main dans la mienne me manquera, déjà je ne suis plus une pensée heureuse pour elle…

Bien sûr ça va passer, je sais bien que ça passe, néanmoins ce soir à mon bureau à l’heure de rentrer chez nous, j’ai le cœur lourd comme chaque soir depuis des mois, je vais pourtant sourire en rentrant, l’écouter me dire sa journée, rire et discuter des enfants, des projets, je garderais pour moi ma peine et mes regrets, puis j’irais me coucher seul dans le canapé.

surprise et douleur... 16/02/2024

Ce soir c'est vendredi ! Nous allons chez mon frère fêter l'anniversaire de ma filleule. Etant donné que nous n'avons pas réellement fêté mes cinquante ans et que ma filleule née une semaine auparavant a déjà fêté le sien, je me demande si mon épouse ne m'a pas organisé une soirée surprise à laquelle serait conviés tous les gens que j'aime. Elle avait fait cela pour mes 40 ans et j'en garde un souvenir reconnaissant et ému ; là précisément, compte tenu de la situation entre nous, des différents qui nous animent depuis quelques temps, je me dis que ce serait vraiment une bonne idée et mentalement je répète d'éventuels remerciements contrôlant tant que bien que mal mon émotion.

Lorsque nous arrivons, je constate rapidement que j'ai une fois de plus fantasmé mon existence, pas de fête pour moi ce soir, évidemment, elle n'a pas la tête à ça, elle n'y a même pas songé je crois, hier déjà il n'y avait pas de bougies sur le gâteau, il n'y avait pas de gâteau d'ailleurs... 

Comment se faire mal tout seul ? :o)

Pendant la soirée je l'entends décrire à ma belle-soeur, son amie, mon comportement pathétique depuis quelques temps, je l'entends dire que je suis une sorte de pervers narcissique, manipulateur, contrôlant, une merde quoi... 

Je sors sur la terrasse fumer une cigarette et parle enfin à ma famille, je leur dis tout ou presque, de ma peine, de mes doutes, de ma toxicité récente plus ou moins attestée, des non-dits, des mensonges, des silences de ma femme, de son éloignement...

On m'écoute et on me comprend, non je ne suis pas fou, la situation est étrange et laisse perplexe forcément. Que se passe t'il ? Que s'est-il passé ? Je déballe mes doutes et ma peine à quelqu'un d'autre pour la première fois vraiment et je prends conscience en en parlant de la réalité de la situation, et je panique, car c'est une fin qui s'annonce aujourd'hui...

Le soir en rentrant, nous ne parlons pas, elle dormira en bas cette nuit-là, demain ce sera mon tour je crois...

Joyeux anniversaire !

lE JOUR Où ELLE PARLA... 19/02/2024

C'est la fin de journée, nous nous croisons dans la cuisine, elle se tourne vers moi et me parle enfin.

Je ne l'interromps pas tandis qu'elle dresse la liste longue et non exhaustive de mes défauts et de mes fautes, ça dure longtemps, si longtemps, j'ignorais qu'elle avait tant de rancoeurs.

Tout y passe, ma personnalité, mesquine, égocentrique, manipulatrice, odieuse, indigne de confiance, mes défauts récurrents, fainéant, râleur, casse-couilles, colérique, nerveux, imbu de lui-même, exigeant, vulgaire, impoli, méchant et cynique... j'en oublie...

Lorsqu'elle a terminé, elle me sourie et je reste muet.

Elle m'a littéralement pulvérisé, émietté façon puzzle, démoli, ruiné, brisé ; je rassemble en silence les miettes de mon ego ; elle exagère bien entendu mais tout de même, il y a du vrai forcément ; je comprends que j'ai été un époux médiocre et méprisable, et entrevois l'hypothèse d'une séparation, ça me terrorise.

Je sais que tout n'est pas juste dans ce qu'elle a dit, qu'il y a de la colère et de la peine, alors je ne sombre pas dans une forme d'autocritique sévère trop destructrice, néanmoins, il ne s'agit pas uniquement de mes défauts ici, mais de ma façon d'être, de penser, de vivre, ma personnalité toute entière lui semble détestable, elle exècre tout ce que je suis.

Ce soir dans la cuisine tout en préparant le repas, je prends conscience que ma femme m'en veut d'être moi et je me demande comment je pourrais faire pour être quelqu'un d'autre.

La nuit sur le canapé ne fut pas des plus reposante, les miettes de moi dans les mains je ne cesse de pleurer et penser ; je l'ai mérité peut-être cette désintégration, je ne sais pas, je comprends cependant qu'elle était nécessaire, pour elle, pour nous, pour moi...

Il faudra donc me reconstruire en sélectionnant soigneusement les morceaux, mais il y a tant de déchets... Et par où commencer ?

point d'etape... 21/02/2024


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